Trappelune

Fantaisie potagère

Textes & musique : Trappelune

C'est quoi cette plante dans mon jardin,
J'l'avais pas vue hier
Regarde moi ces feuilles, on dirait des mains
De voleur

Elle est plutôt belle, Comme elle s'élance
Une tige fine et sans épines
Mais on m'la fait pas J'ai pas confiance
En ses racines

Je n' sais pas comment elle est arrivée
J'ai pas vu d' mes yeux vu
Mais je sais bien qui je dois soupçonner
Crénom de gu !

C'est que j'en vois passer, sous mes nuages
Des oiseaux migrateurs
Qui me lâchent sur le nez leur plumage
De couleur ! [ j'aime pas trop la couleur ]

Moi, tout c' que j' demande
C'est un peu d'ordre dans mes plates-bandes
Qu'on me laisse tranquille, tranquille

Est-ce vraiment trop demander
Que de n'être pas sans cesse dérangé ?
Jardiner tranquille, tranquille

J'ai contre les graines estampillées
D'origine étrangère
La preuve que je suis cool, j'ai bien adopté
La pomme de terre

J' reconnais volontiers quelle nous a tiré
De plus d'un sale hiver
C'est pas une raison pour supporter
La terre entière

Je me doute bien, vu d'où elle vient
La petite maligne
Qu'elle préfère se gaver sur MON terrain
Les étamines

C'est vrai qu' la terre est riche dans l'quartier
Faut voire c' qu'on y gaspille comme engrais
Mais on peut pas tout de même empiffrer
Toute la forêt [ j'aime pas trop la forêt ]
Moi, c' qui m' fait rêver
C'est de belles rangées de navets
Des légumes faciles, dociles

J'aimerais tant cultiver
Rien que des baguettes ou des bérets,
Du pas xénophiles, du local style

J' peux plus les supporter
Ces végétaux sans pédigrée
Aux fleurs graciles, oui mais inutiles

Moi, tout c' que j'espère
C'est le respect de ma frontière
Qu'on me laisse tranquille, immobile

Dans mon argile
Immobile , un veux fossile

C'est quoi cette plante dans mon jardin,
Elle y était pas hier
Regarde moi ces feuilles, on dirait des mains
De chômeur
Moi ma terre j'y ai transpiré
We et jours fériés
Les ampoules de mes mains j' vais pas les lâcher
Plutôt crever !

Crois moi, j'ai rien contre partager,
Mais pas des trucs que je m'ai gagnés
Ici c'est mon île, j' veux y vivre tranquille,

Je ne suis pas trop diversité
J' penche plutôt consanguinité
Je baigne dans mon huile, mon nombril

Pourquoi devrais-je te respecter,
t'es même pas né dans ma vallée
Laisse moi donc tranquille, dans mon asile

Moi, les légumes importés,
Y' a rien a faire, j' peux pas les digérer
J'ai le foie fragile, plein de bile,

Qui a dit débile ?