Trappelune

Cailloux

Textes & musique : Trappelune

Il y a des cailloux qui respirent
Sournoisement,
Pas tout le monde ne le sait
Evidemment, ils sont tellement nombreux,
Qu'on ne les compte même plus,
On ne compte plus sur eux
Milliards de milliards de milliards de milliers
Tellement si nombreux qu'à force j'te jure
Par tas
Ils vivent par tas
Des tas de cailloux


Milliards de milliards de milliards de milliers
A force ça fait désordre
Ces monticules énormes
Allez donc repérer sous ces montagnes grises
S'il n'y en aurait pas un,
Par hasard,
Qui respire


Milliards de milliards de milliards de milliers …


D'ailleurs ils respirent tous
Là n'est pas mon propos
Car il y a des cailloux qui pensent
Et oui Monsieur, c'est comme j'vous l'dit
Des cailloux qui pensent
Sauf que là, Monsieur,
Très peu de gens le savent …


Mais cette fois, pas d'histoire
Ce ne peut être tous !
Tous les cailloux qui pensent,
On serait au courant
Non, quand même !


C'est que nous, voyez, des cailloux
On en croise tous les jours
On construit nos maisons avec
Et puis nos routes
Et puis aussi nos trottoirs
On fait des ponts avec,
Et on les jette des ponts
Que ça fasse plouf
Des ronds dans l'eau
Puis souvent encore
On les ricoche sur l'eau calme de l'étang
Pour faire passer le temps


Et puis on s'énerve,
Et on cogne dedans
On les cogne l'un sur l'autre
Triture,
Malaxe,
Concasse,
Marche,
Marche dessus …


On marche tous les jours
Sur des cailloux qui pensent …
Pas exprès
On savait pas
On les écrabouille de nos godasses sales !


Mais que sont ces quelques agonies
Capsules broyées par nos lourdeurs
Au regard des plaines infinies
Où leurs songes se mèlent aux fleurs ?


Et les cailloux, impassibles, songent
Et leurs songes, lentement
S'écoulent à gouttes épaisses
Cristallisent avec le vent,
Et s'envolent !
Billes d'ivresse
Se mèlent à tous les tourbillons,
Philosophies, Opinions
Fine limaille afutée
S'insinuent dans nos conversations
Poussière de sagesse grise
Arrachée aux siècles des siècles des siècles
De méditation


Alors les cailloux ricanent
Ricanent à gorge déployée
Car le monde ensablé est redevenu leur
Car nos cerveaux, encailloutés, sont redevenus leurs
Et leurs rires, surgis énormes
Hors de cavernes aux crocs de marbre
Colorent le vent qui pleure
D'un parfum de folie sonore